Élections des chambres d’agriculture : quels champs de bataille pour la CFTC?

7 janvier 2025 | Social

Du 15 au 31 janvier, les salariés agricoles et agriculteurs sont appelés à élire leurs représentants au sein des chambres d’agriculture. Ces établissements publics sont pilotés par des élus représentant les salariés et employeurs du secteur agricole, rural et forestier. Leur mission ? Informer des évolutions réglementaires les salariés et exploitants agricoles, leur proposer des prestations rémunérées de formation et de conseil et bien sûr défendre leurs droits auprès des pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Dominique, Daniel et Hélène, candidats CFTC aux élections dans les chambres d’agriculture de leurs départements respectifs, reviennent sur les mesures portées par notre organisation et nous font découvrir leurs métiers.

Dominique Boucherel, salarié en service de remplacement agricole
Vice-président et responsable de la branche « production agricole » de la CFTC-Agri, président du syndicat CFTC-Agri des Pays de la Loire

« Je travaille depuis 22 ans pour une association de remplacement, particulièrement en élevage laitier, mais je peux intervenir à peu près dans tous les domaines de compétence. Je remplace des agriculteurs, qui, dans 85 % des cas, sont en arrêt-maladie ou accident… J’interviens généralement entre quatre et huit heures par jour. La force d’un salarié de remplacement est sa polyvalence, sa capacité à pouvoir s’intégrer et réagir rapidement au service d’une exploitation.

Nous sommes souvent amenés à travailler le samedi et le dimanche, le matin et le soir, parfois 7 jours sur 7. Une telle contrainte entraîne un certain turn-over dans le métier…Personnellement, j’exerce ce métier parce qu’il me permet de disposer de temps en journée pour m’occuper de mes propres terres et animaux, ainsi que de mes responsabilités syndicales.

J’ai commencé à m’engager avec la CFTC en 2007. Ça m’a plu et, petit à petit, je suis monté en responsabilité… Aujourd’hui, nous aimerions notamment avoir des valorisations plus équitables, de meilleurs compléments salariaux, par exemple afin de pouvoir acheter des aliments produits en France: quand on voit que des salariés agricoles n’ont même plus les moyens de consommer français, c’est qu’il y a un problème de rémunération !

Je me présente aux élections de la chambre d’agriculture pour la troisième fois, mais, en parallèle, j’essaie de trouver des personnes plus jeunes, d’arriver à davantage de mixité afin de rendre la liste plus attractive. Ma motivation principale est de sauvegarder les acquis dans nos professions, voire de les renforcer. L’attractivité des métiers de l’agriculture en dépend. »

Crédit photo: Flemming Munch ———————————————————————————————————————————

Daniel Cailleau, accouveur, professionnel de l’incubation et de l’éclosion des œufs de volaille hors sol
Négociateur de convention collective, conseiller du syndicat CFTC-Agri Pays de la Loire

« Jusqu’à mon récent départ à la retraite, j’étais employé d’une entreprise d’accouvage (incubation et éclosion des œufs de dinde, ndlr). J’ai exercé ce métier pendant plus de 40 ans. La ferme dans laquelle je travaillais compte environ 400 dindons et 8 000 dindes, que nous inséminons artificiellement. Une des contraintes du métier, c’est le travail le samedi et le dimanche, avec un jour de récupération le vendredi. Car le ramassage des œufs s’effectue 7 jours sur 7. Nous devons aussi nous arranger entre collègues pour les vacances, puisque l’élevage ne s’arrête pas !

Dans notre convention collective « Accouvage et sélection », j’ai pu négocier un 13e mois, et une couverture prévoyance, avec trois ans de complément en cas d’arrêt de travail

Je suis à la CFTC depuis huit ans. Cela fait de nombreuses années que je suis négociateur de convention collective dans le département, pour l’agriculture, l’horticulture, l’exploitation du bois… J’ai négocié pas mal d’accords dans ma carrière. Par exemple, un 13e mois et une prévoyance avec trois ans de complément en cas d’arrêt de travail, dans notre convention « Accouvage et sélection ». Au niveau de l’entreprise, nous avons aussi obtenu une majoration salariale de 175 % pour le travail les samedis et de 250 % pour les dimanches. Je n’en connais pas beaucoup qui proposent ça !

J’ai déjà effectué deux mandats à la chambre d’agriculture, et je suis sur la liste pour un troisième. Cela me permet de me tenir au courant de tout ce qui se passe dans l’agriculture. Ça me passionne ! On peut écouter les autres élus et parler de nos métiers. Pour ces élections, j’aimerais que l’on parvienne à mobiliser les votants et améliorer la participation. »

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Hélène Guilbert, chef d’équipe effeuillage et cueillette en culture de tomates sous serre
Conseillère fédérale, vice-présidente du syndicat CFTC-Agri des Hauts-de-France

« À la base, j’étais technicienne de surface spécialisée en désinfection. Lorsque je me suis retrouvée seule avec trois enfants à charge, j’ai cherché un nouvel emploi. Après plusieurs expériences en intérim, j’ai commencé dans ces serres de tomates en tant qu’enrouleuse. Puis, j’ai réussi les tests de chef d’équipe effeuillage, auxquels se sont ajoutés ceux de cueilleurs… Aujourd’hui, j’encadre de 30 à 35 personnes en haute saison. La diversité des tâches me plaît ; quand je le peux, je rejoins les équipes dans les lignes

Dans les serres de tomates, les risques professionnels dépendent des métiers. En nacelle, par exemple, les gens travaillent en hauteur et ont des gestes répétitifs. Les cueilleurs, eux, marchent beaucoup et utilisent des sécateurs. La chaleur est, en revanche, un problème pour tout le monde : nous devons adapter nos horaires, pour travailler à la lumière naturelle. Nous portons des casquettes ou des ombrelles et des gourdes d’eau isothermes nous sont fournies. En pleine saison, les journées de travail durent de 7 à 17 heures. Les premiers salaires se situent un tout petit peu au-dessus du Smic. Nous travaillons parfois le samedi si la production le nécessite ou quand la semaine comporte un jour férié. Dans ces situations, la rémunération reste la même. Dans notre secteur professionnel, les principaux combats sont donc le salaire, le respect et l’amélioration de nos droits, et, bien sûr, des conditions de travail.

A la CFTC, nous voulons inciter les salariés agricoles à se battre, afin de faire reconnaître leurs savoirs et leurs compétences

 Je me suis inscrite sur une liste CFTC pour les élections des chambres d’agriculture, notamment afin de montrer au salariés agricoles qu’il leur est possible, par exemple via l’utilisation de leur CPF, d’évoluer professionnellement. A titre d’exemple, j’ai entamé une VAE (validation des acquis, une procédure qui permet aux individus ayant suffisamment d’expérience professionnelle d’obtenir des diplômes ou certificats de qualification professionnelle, NDLR), dans le but de demander un changement d’intitulé sur ma fiche de paie. Car aujourd’hui, je reste ouvrière agricole, malgré mon poste de chef d’équipe. Je veux faire modifier ce titre en technicienne agricole. A la CFTC, nous voulons précisément inciter les salariés agricoles à se battre, afin de faire reconnaître leurs savoirs et leurs compétences. »

Témoignages recueillis par Stéphanie Baranger, Laurent Barberon et Maud Vaillant

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